jeudi 24 avril 2008

Le Figaro, auxiliaire des FARC ?

Des paramilitaires sous le commandement d'El Aguila rendent leurs armes à Teran (Cundinamarca), en présence du haut commissaire pour la Paix, Luis Luis Carlos Restrepo.


Le Figaro a fait très fort ce matin. Les journalistes Pascale Mariani et Roméo Langlois ont envoyé cet article de Bogota dans lequel ils analysent la situation politique colombienne en reprenant les paramètres utilisés habituellement par les FARC et leurs complices médiatiques.


Le scandale des paramilitaires colombiens éclabousse Uribe

C'est un symbole de la politique colombienne qui est sorti mardi soir sous les huées des manifestants, enfermé dans un 4 × 4 noir de l'ambassade du Costa Rica à Bogota. L'ex-sénateur Mario Uribe, accusé d'association de malfaiteurs pour ses liens présumés avec les paramilitaires d'extrême droite, venait de se voir refuser l'asile politique par le petit pays d'Amérique centrale. Le cousin germain du président Alvaro Uribe a rejoint la prison de La Picota, où un pavillon spécial a été aménagé pour loger la trentaine d'ex-parlementaires. Selo la blague colombienne à la mode, «bientôt, le Parlement devra siéger à La Picota».

En quoi les « paramilitaires » sont-ils « d'extrême-droite » ? les journalistes ne l'expliquent pas car ils seraient bien en peine de le dire. C'est le vocabulaire des compagnons de route des FARC.

Le scandale dit de la «parapolitique» n'en finit pas d'ébranler les institutions et d'éclabousser les alliés du président Alvaro Uribe. La presse a ainsi surnommé l'affaire des liens d'une partie de la classe politique avec la mafia paramilitaire, ces milices antiguérilla intimement liées au trafic de cocaïne. Toujours plus d'élus sont accusés d'avoir eu recours, depuis 2001, à la terreur exercée par les «paras» sur les électeurs pour s'assurer des votes. Depuis, les paramilitaires ont rendu les armes, contre des peines mineures, grâce à une politique de démobilisation engagée par le président Uribe.


Et alors ? Le gouvernement offre aux guérilleros des FARC leur réinsertion dans la vie civile sans même de « peines mineures ». Peut-être qu'aux yeux des journalistes du Figaro le fait d'être un combattant communiste mérite une décoration.

Salvatore Mancuso, l'un de leurs chefs aujourd'hui en prison, a affirmé que les paras étaient parvenus à infiltrer «toutes les institutions» de l'État. «Sous couvert de lutte antiguérilla, les paramilitaires, alliés à certains secteurs de l'armée et de l'oligarchie, ont massacré et déplacé des paysans pour voler leurs terres», rappelait devant l'ambassade du Costa Rica, le comédien Carlos Satizabal. Toute la journée de mardi, une foule indignée de défenseurs des droits de l'homme et de représentants des victimes a manifesté devant le bâtiment où Mario Uribe, dans l'espoir d'échapper à la prison, s'était réfugié. Selon les ONG, des dizaines de milliers de Colombiens sont portés disparus ou ont été assassinés ces vingt dernières années par les paramilitaires.


Selon « les ONG ». Des noms, des dates, des chiffres. Du sous-journalisme. On se demande pourquoi cette belle paire est partie en Colombie. Je rappelle qu'un club de pétanque est aussi une ONG.

Le parquet accuse Mario Uribe de s'être réuni, à des fins électorales, avec le chef paramilitaire Salvatore Mancuso, et d'avoir eu recours aux milices pour acquérir des terres. Avec son incarcération, le scandale de la parapolitique touche le cercle des intimes du président. Car Mario Uribe n'est pas seulement le cousin germain d'Alvaro. Il est aussi, depuis deux décennies, son associé politique. Dans la région de Medellin, les deux cousins ont gravi main dans la main les marches du pouvoir, depuis leur élection au Parlement en 1986. Ensemble, les deux hommes ont fondé le parti Colombia Democratica, dont la totalité des élus au Parlement sont aujourd'hui sous les verrous.

Popularité record

Plus d'une soixantaine de parlementaires sont aujourd'hui mis en examen. «Et le pays semble trouver cela normal», observait un manifestant devant l'ambassade du Costa Rica. Une allusion à la popularité record du président Alvaro Uribe : 84 % des Colombiens approuveraient son style de gouvernement et sa politique de guerre totale contre les guérillas, notamment celle des Farc qui détient des otages parmi lesquels la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt.

Comme pour prendre les devants, le président a révélé mercredi, sur les ondes de Radio Caracol, qu'un ex-paramilitaire, «un bandit assoiffé de vengeance», l'impliquerait dans le massacre d'El Aro, en 1997, au cours duquel une vingtaine de paysans ont été assassinés. Alvaro Uribe, qui était alors gouverneur de la région de Medellin, a vivement réfuté ces accusations. Mais alors que ses adversaires l'accusent de faire pression sur le pouvoir judiciaire pour étouffer les scandales, le chef de l'État rappelle que c'est au contraire grâce à sa politique de démobilisation des paramilitaires qu'ils peuvent aujourd'hui éclater au grand jour.

Pablo Victoria.

Ce que les journalistes du Figaro auraient dû expliquer à leurs lecteurs nous l'avons demandé à l'ancien parlementaire colombien Pablo Victoria.



Que sont les paramilitaires ?

Les paramilitaires sont la conséquence directe de l'abandon par l'Etat colombien de grandes étendues de notre territoire qui fut immédiatement occupé par les FARC. Les agriculteurs, les éleveurs n'ont pas été en mesure de revenir sur leurs terres qui sont restées longtemps improductives.

Les groupes d'autodéfense sont nés de l'instinct de conservation des habitants du cru. Dans un premier temps, ils ont seulement cherché" à protéger leur lopin de terre, leurs quatre poules et leurs vaches de la voracité des communistes. Voyant que leurs efforts décourageaient les FARC de s'étendre comme un chancre, les plus courageux sont passés à l'offensive pour rendre des parcelles de territoire à leurs habitants légitimes.

Ces premiers groupes de paramilitaires étaient effectivement payés par les propriétaires terriens et par les exploitants agricoles désireux de retourner chez eux.

Mais pendant ce temps, les marxistes des FARC et de l'ENL découvraient les immenses possibilités offertes par le trafic de drogue. Grâce aux millions de dollars récoltés par la cocaïne, les communistes ont pu largement s'équiper, surclassant ainsi les milices d'autodéfense.

Devant l'indifférence et l'impuissance de l'Etat à défendre ses citoyens, les paramilitaires ont suivi l'exemple de la guérilla et ont eux aussi trafiqué de la drogue. Les moyens obtenus par la vente de cocaïne ont également permis aux paramilitaires de s'équiper, d'autant plus facilement qu'ils ne combattaient pas l'Etat, mais la subversion, bénéficiant ainsi de nombreuses complicités au sein de l'Armée et du système politique.

Avant l'arrivée au pouvoir d'Alvaro Uribe, les paramilitaires étaient le seul rempart contre la guérilla. C'est pourquoi une des conditions des FARC et de l'ELN pour arrêter les combat était la fin des paramilitaires. Ce n'était que de la propagande car la guérilla a poursuivi ses activités criminelles après le début de la démobilisation des milices d'autodéfense.

Heureusement, la politique du président Uribe a permis à l'Armée colombienne de prendre le relais et a rendu l'existence des milices inutile.


Un autre moment de la démobilisation.

Comme toutes les forces armée en marge de la loi, les milices d'autodéfense ont commis de nombreux excès et même des crimes. Il faut les poursuivre, mais sans pour autant les mettre sur le même plan que les criminels des FARC et de l'ELN.

Poursuivre le cousin du président pour des liens avec les milices est une bouffonnerie car tout l'appareil d'Etat et tout le monde politique colombien a, par la force des choses, été au moins un jour complice des milices. Ne serait-ce que pour pouvoir dormir chez soi sans courir le risque d'être assassiné.

Propos recueillis par téléphone depuis Bogota.

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